2.8.08

Récréation canine

Selon une comparaison faite sur 162 loups et 140 races de chien issus de 27 localités, le dernier ancêtre commun des chiens et des loups aurait vécu voici 100.000 ans. Les vestiges paléontologiques témoignent de l’existence de chiens domestiqués voici environ 14.000 ans, même s’il est probable que les hommes et les chiens vécurent en semble ou à proximité auparavant, dans les campements des chasseurs paléolithiques (Vila 1997, Ostrander 2005).

La plupart des races modernes de chien dérivent d’une sélection artificielle d’élevage assez récente, datant de quelques siècles, même si la période historique commençant au néolithique a déjà vu diverger les phénotypes des chiens domestiques. Les pedigrees tels qu’ils sont aujourd’hui reconnus ne datent que de la fin du XIXe siècle. Il existerait aujourd’hui environ 800 races canines à travers le monde. Le chihuahua pèse de 1 à 6 kg, et mesure de 15 à 23 cm, lorsque le lévrier irlandais atteint 85 à 90 cm, pour 45 à 55 kg. Les traits psychologiques diffèrent également, puisque les races n’ont pas le même comportement moyen d’agression et de réponse au stress, d’attachement, de réponse au conditionnement lors d’un dressage, etc (Coppinger et Coppinger 2002, Scott et Fuller 1998).

Pourquoi parler de nos amis à quatre pattes, dont le nombre est estimé à 400 millions à travers toute la planète ? Parce que le chien me semble une excellente illustration de la puissance des gènes. Toutes les races aux comportements et aux traits si divers que nous croisons portent exactement le même génome : c’est la simple variation de fréquence de certains gènes (les polymorphismes) dans chaque pool génétique qui va produire l’étonnante variété observée. Cela sur un très bref laps de temps à l’échelle de l’évolution, la sélection artificielle agissant comme un accélérateur des processus naturels. Et un révélateur en même temps, puisque Darwin eut notamment l’intuition de sa théorie en observant les animaux domestiques, en particulier les pigeons, comme il le narre dans L’origine des espèces (1859).

Références :
Coppinger R. et L. Coppinger (2002), Dogs: A New Understanding of Canine Origin, Behavior and Evolution, University of Chicago Press, Chicago, 352 p.
Ostrander E.A., R.K. Wayne (2005), The canine genome, Genome Res, 15, 1706-1716.
Scott J.P., J.L. Fuller (1998), Genetics and the Social Behavior of the Dog, University of Chicago Press, Chicago, 506 p.
Vila C. et al. (1997), Multiple and ancient origins of the domestic dog, Science, 276, 1687-1689.

Illustration : DR.

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