28.4.08

Fatalité j'écris ton nom

Imaginons une étude montrant que 10% des différences entre les gens dans le domaine de la réussite scolaire provient de la qualité de leur alimentation entre 0 et 10 ans. Tout le monde serait vivement intéressé par cette annonce, le ministère de la Santé demanderait une expertise collective sur les tenants et aboutissants de la chose, les professionnels de la réforme sociale monteraient vite au créneau pour suggérer les mesures alimentaires susceptibles d’aider au progrès de chacun et de réduire les inégalités entre tous, les sociologues feraient de savantes études sur la transmission du capital alimentaire et même les psychanalystes auraient un mot à dire. Et pourtant, 10%, ce n’est pas si important. Quand la psychométrie et la génétique du comportement suggèrent qu’une proportion supérieure des différences de réussite scolaire provient des gènes, personne n’est vraiment intéressé, le gouvernement ne creuse pas la question, les réformateurs sociaux se taisent, les sociologues et les psychanalystes sifflotent en regardant le plafond. Tout le monde lit « hérédité » et chacun entend « fatalité ». Quelle attitude étonnante, quel respect superstitieux de la matière vivante pour des esprits supposés si libres, si actifs, si entreprenants...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

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Quoi que pensent ou fassent les gouvernements, les réformateurs sociaux, les sociologues, les psychanalystes, les législateurs, etc. chacun s'occupe de sa propre hérédité à venir (ou à empêcher), s'il le peut aujourd'hui avec le préservatif, la pillule anti-conceptionnelle, l'interruption volontaire de grossesse et le diagnostic pré-implantatoire et avec qui sait quoi demain.

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Anonyme a dit…

"Fatalité", tu es gentil, certains te répondront "Eugénisme!" en s'offusquant.

C. a dit…

Oui, les mêmes qui font profession d'améliorer l'humain, mais qui entendent conserver un monopole sur leur procédé d'amélioration.

Mike Fuzzythought a dit…

"elle" a un peu raison...
La question, en effet, serait de savoir ce qu'on pourrait tirer d'une telle connaissance d'une meilleure (ou moins bonne) aptitude à la réussite scolaire liée aux différences génétiques.
Favoriser "l'expression du potentiel" en soutenant par exemple les écoles de surdoués qui existent déjà ici ou là ?
Au contraire, créer une sorte de "handicap", comme pour les courses hippiques d'obstacle ou de plat, de façon que les "génétiquement favorisés" et "défavorisés" soient mis sur la même ligne de départ ?
Ou encore ... ? As-tu formulé, dans ce blog ou ailleurs, des propositions sur ce sujet ?

C. a dit…

(Mike) Non, rien de précis. Dans un premier temps, on peut imaginer toutes sortes de pédagogies susceptibles de développer les facultés cognitives spécifiques. Dans un second temps, l'amélioration directe de ces facultés sur leur dimension biologique (les gènes ou les produits des gènes au cours du développement) sera probablement une possibilité ouverte.