6.8.08

De l'universelle prostitution

André Gorz, à la suite de Marx, distinguait le travail autonome du travail hétéronome : le premier est celui que l’on accomplit par envie, désir ou vocation ; le second celui que l’on accepte par besoin, obligation ou nécessité. Ce travail hétéronome est fort répandu, et il a un autre nom : la prostitution. On dit d’elle qu’elle est le plus vieux métier du monde ; c’est surtout la substance de bon nombre de métiers : louer son corps pour accomplir des fins qui ne sont pas siennes. Un vagin, un anus ou une bouche ne sont pas si différents d’une musculature ou d’un cerveau que l’on puisse blâmer l’usage professionnel des premiers et vanter celui des seconds, ou même simplement y voir des différences essentielles, des frontières nettes. Dans les deux cas, on est employé, c’est-à-dire réduit à l’état d’instrument et soumis à une autre volonté. Une fois cela admis, les travailleurs hétéronomes se donneront pour horizon de devenir des putes de luxe, c’est-à-dire de gagner plus en travaillant moins.

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