7.8.08

Croyance et émotion, une conjecture

Dans ses leçons sur la croyance religieuse (in Leçons et conversations), Wittgenstein remarque la difficulté sinon l’impossibilité à débattre des propositions d’un croyant comme « je crains le jugement dernier » ou « ma maladie est une punition ». On ne peut pas dire de manière réellement sensée « je pense le contraire », ni même « c’est peut-être exact, je n’en suis pas sûr », car ce ne sont pas les mêmes ordres de représentation et de justification ; pas comme si l’on disait « je crois qu’il y a un avion dans le ciel », où là il est possible de penser le contraire, de ne pas être sûr, tout en étant très proche de son interlocuteur dans le domaine relatif à sa croyance. Un non-croyant devra dire selon Wittgenstein quelque chose comme : « Je pense différemment, d’une façon différente. Je me dis des choses différentes. Les images que j’ai sont différentes ».

A mon avis, on devrait pouvoir matérialiser cette différence en observant le cerveau des croyants et des non-croyants. La croyance induit chez certains sujets des changements cognitifs mais aussi comportementaux assez importants : de tels changements doivent emprunter certains circuits identifiables, comme c’est le cas pour les modifications d’attitudes du dépressif, du schizophrène ou de l’autiste. Il est d’ailleurs douteux que ces circuits soient spécifiques à la croyance religieuse : on peut conjecturer que ce doit être une certaine configuration des liaisons entre zones limbiques émotives et zones cortico-frontales réflexives, configuration qui se stabilise dans l’existence autour de nœuds cognitifs impliquant « dieu » ou d’autres agents surnaturels, avec des représentations associées (paradis, enfer, pouvoirs divins, etc.). On voit par exemple que le monothéisme insiste dans ses représentations sur des émotions fortes : le dieu d’amour, le dieu jaloux, le dieu de colère, le plaisir, la sérénité et la volupté paradisiaques, la peur, la terreur et la douleur infernales. Toutes les tentatives ultérieures de rationalisation n’effacent pas l’inscription originaire de la foi dans des zones sensitives ou émotives.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Lorsque je vois un croyant, je vois un con.