29.5.08

Les athées sont-ils plus intelligents ?

Richard Lynn (Université d’Ulster, Irlande) et deux co-auteurs ont réalisé une synthèse des différents travaux mettant en rapport la croyance religieuse et l’intelligence (capacité cognitive générale ou facteur g, telle qu’elle est estimée par les tests psychométriques de QI). Leur article souligne que l’on observe une corrélation négative entre les deux traits.

Au sein des nations, plusieurs travaux appuient cette conclusion depuis le début du XXe siècle, dont une quinzaine sont rappelés et commentés. Kanazawa (2007) a par exemple analysé les données de l’American National Longitudinal Study of Adolescent Health, portant sur 14.277 individus suivis de l’adolescence à l’âge adulte, incluant des tests psychométriques et des autoquestionaires sur le degré d’adhésion aux croyances religieuses. Le groupe se disant « sans religion aucune » a le QI le plus élevé (103,09), le groupe se disant « très religieux » le QI le plus faible (97,14). Une autre analyse est menée par les auteurs sur la base du National Longitudinal Study of Youth (1997), dont les sujets (6.825) ont également répondu à un questionnaire sur leur croyance. Il en résulte une différence moyenne de 6 points de QI en faveur des athées par rapport aux individus ayant déclaré leur adhésion à une religion. Les chercheurs rappellent également les conclusions des travaux ayant analysé l’évolution de la croyance au cours du développement des individus (les capacités cognitives se déployant avec l’âge). Une enquête longitudinale menée par Francis (1989) sur 400 enfants d’une école protestante anglaise a ainsi montré que le niveau de croyance baisse régulièrement de 5-6 ans (87,9 % chez les garçons et 96,0 % chez les filles) à 15-16 ans (55,7 %, 70,4 %).

Autre type de travaux : la comparaison des élites scientifiques et de la population générale. Une étude de l’Académie américaine des sciences montre que 7 % des chercheurs croient en dieu contre 90 % dans la population générale (Larsen 1998). En Angleterre, la proportion dans une enquête plus récente est de 3,3 % (chez les membres de la Royal Society) contre 68,5 % (Dawkins 2006). Enfin, les chercheurs se sont penchés sur les rapports entre athéisme et intelligence dans les différentes nations. Pour le QI, ils ont utilisé la standardisation internationale proposée par Lynn et Vanhanen (2006), pour l’athéisme une analyse de Zuckerman (2007), le tout offrant des données quantifiées sur 137 nations. Ils observent une corrélation positive de 0,6 entre QI et la non-croyance religieuse.

L’ensemble des travaux indique que la réponse à la question posée en titre est positive : les athées sont, en moyenne, plus intelligents que les croyants. Mais la différence de QI est relativement faible : environ 6 points, pour un écart-type de 15 points. Autre point : les corrélations ne sont pas toujours des causes, mais elles ont toujours des causes. Le travail ne permet pas de définir le sens du rapport de causalité (la croyance freine le développement de l’intelligence ou l’inverse) ni surtout d’exclure un facteur tiers (par exemple, la classe socio-économique, la pauvreté étant négativement corrélée à l’intelligence mais positivement à la religiosité).

Référence :
Lynn R. et al. (2008), Average intelligence predicts atheism rates across 137 nations, Intelligence, online pub., doi:10.1016/j.intell.2008.03.004

(Merci à R. Lynn de nous avoir transmis l’article)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

L'instrument QI est-il vraiment pertinent pour mesurer l'intelligence ?
Comment définit-on l'intelligence et pourquoi ?
Vaut-il mieux chercher à être intelligent ou à être heureux ?

Anonyme a dit…

Et n'est pas précisé non plus quel est le suivi des précepte religieux.
C'est sur que ceux qui croient dur comme fer à Adam, Eve, le serpent qui parlent et la foutue pomme auront du mal a accepter beaucoup de faits scientifiques de base. Donc seront moins "intelligents".... M'est avis que l'on enseigne la religion d'une mauvaise manière...

Anonyme a dit…

A mon humble avis, si on est un peu intelligent et qu'on utilise son cerveau pour réfléchir, on finit par douter des religions et donc de Dieu, après, le pas à franchir vers l'athéisme est assez simple.